Depuis 2018, Chloé Moser est intrapreneuse à la Mission des archives de France auprès des ministères sociaux. Initialement lancée via le programme des Entrepreneurs d’Intérêt Général, la Startup d’Etat Archifilte vise à “améliorer la mémoire des politiques sociales”. Actuellement hébergée au sein de la Fabrique numérique des ministères sociaux, le produit poursuit son amélioration continue.
Nous avons demandé à Chloé Moser de nous raconter son expérience.
Je suis archiviste, adjointe à la cheffe de la Mission des archives de France auprès des ministères sociaux depuis novembre 2013 et j’y suis chargée des projets de gestion des données, documents et de l’archivage électronique. Je continue à l’être en parallèle de mon rôle d’intrapreneuse pour Archifiltre puisque je développe un outil pour les archivistes et en lien avec mon métier.
J’ai eu l’occasion d’expliquer ce que je faisais pour Archifiltre à ma grand-mère. Je lui ai dit que j’avais la chance de développer un outil numérique sur un domaine nouveau, qu’en partant d’un manque d’outil sur une pratique de mon métier, j’invente désormais en lien avec toutes les personnes concernées par ce manque un outil pour nous permettre de faire face à l’enjeu de l’explosion des documents numériques bureautiques et de leur gestion. Et elle était très heureuse pour moi que je puisse m’épanouir autant dans un tel projet!
J’aurais aimé être moins impressionnée par l’ampleur de la tâche et me rendre compte que tou.te.s les intrapreneur.se.s découvraient ce rôle et le façonnaient au fur et à mesure en fonction de leurs disponibilités et possibilités. Le conseil que j’aurais aimé avoir aurait donc été de ne pas me mettre la pression sur un objectif précis mais de chercher à faire de mon mieux avec les moyens dont je dispose pour aller le plus loin possible.
Le flop principal aurait été que les archivistes ne s’emparent pas de l’outil, ne l’utilisent pas et ne nous permettent pas de le faire progresser. Les idées pour le développement dépendent complètement de ce que les utilisateur.trice.s nous font remonter comme besoins et comme idées. Sans eux.elles, il serait impossible de savoir si nous allons dans le bon sens, si nous ne devons pas mettre l’accent sur d’autres aspects. Ils nous éclairent énormément sur le chemin à prendre et le fait qu’ils/elles soient nombreux.ses à l’utiliser et à nous parler de leur utilisation est absolument essentiel pour débloquer de nouvelles idées.
L’outil que nous continuons de développer n’est pas du tout ce que je m’étais fixé comme objectif de départ! Et je suis tellement fière d’avoir su me laisser guider par mes collègues EIG et par les utilisateur.trice.s au départ d’Archifiltre puis par mes collègues de la start-up d’État et de la Fabrique numérique des ministères sociaux pour développer l’outil dont nous avons besoin et pas celui qui était fantasmé.
Y croire! Il faut avoir une immense conviction en ce qu’on développe pour pouvoir, en permanence, garder l’énergie pour y arriver. Sans une certitude profonde que notre produit est utile, qu’il faut continuer à le développer, ça me parait impossible de ne pas baisser les bras car il y a énormément de moments de doute et beaucoup d’engagement dont il faut faire preuve
Je recommanderais sans hésiter l’intrapreunariat à mes collègues motivés, ayant envie de changer leur environnement de travail et ne sachant pas comment le faire dans une organisation “traditionnelle” bloquée sur un fonctionnement qui s’avère souvent insatisfaisant pour avoir un outil numérique adapté.
Pour poursuivre, je dirais qu’il peut être intéressant d’analyser très précisément la source de la frustration/résignation/colère pour être ouvert à des solutions auxquelles on ne pense pas forcément d’emblée car on ne connaît peut-être pas encore la bonne solution ou tout simplement elle n’existe pas encore… auquel cas, si on y croit vraiment, à nous de l’inventer peut-être?
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