En bientôt sept ans d’existence, l’incubateur de la DINUM a contribué à la création de plus de 14 incubateurs ministériels, 150 services numériques ainsi que le développement d’un réseau qui rassemble, à date, près de 900 personnes. Depuis la crise sanitaire, l’incubateur de la DINUM a affirmé sa volonté de soutenir les administrations partenaires et le gouvernement dans le développement de services publics numériques au service des réformes prioritaires, notamment par le truchement du programme Brigade. Qu’en est-il après le lancement de sa deuxième édition en mars 2022 ?
La Brigade, qui réunit 15 agents publics, concentre son action autour de trois objectifs :
Animée par l’approche Startup d’État, les principaux critères utilisés pour arbitrer sur l’éligibilité de l’accompagnement sont :
L’équipe travaille également en coordination avec les co-animateurs de la DINUM sur des sujets transverses qui concernent l’ensemble de la communauté : refonte du parcours de formation pour les intrapreneur·euse·s, création de podcasts, prévention des violences sexistes et sexuelles au sein de beta, animation du forum ouvert, etc.
Au regard du contexte présidentiel et de la reconstitution du Gouvernement, la Brigade s’est provisoirement concentrée sur l’accompagnement de produits numériques existants.
En février 2022, alors que la guerre en Ukraine se déclare, la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (DIHAL) doit coordonner la politique d’hébergement d’urgence puis de relogement des réfugiés ukrainiens. Plusieurs défis sont à relever : d’une part, la coordination nationale inter-administrations et associations, d’autre part l’amélioration du parcours des réfugié·e·s à leur arrivée en France. La Brigade a été saisie pour investiguer ce double sujet : un binôme coach-développeur a réalisé une investigation de deux semaines sous la forme d’entretiens avec les parties prenantes. Des propositions ont été faites à la DIHAL afin d’éviter des outils de pilotage contraignants pour les acteurs du terrain et améliorer la réception des réfugié·e·s sur le long terme.
Cette mission a permis de soulever notamment un point intéressant pour les prochaines commandes d’urgence : les situations de crise relèvent de dysfonctionnements structurels, qui peuvent être pansés de façon conjoncturelle mais qui exigent d’intégrer une réflexion plus long terme autour de la politique publique concernée.
La Brigade a accompagné différents produits sur des sujets jugés prioritaires ou à fort potentiel d’impact pour le quinquennat à venir, en phase d’investigation ou de construction :
En tant qu’équipe interministérielle, la Brigade s’est aussi donnée pour mission de contribuer à l’amélioration des standards techniques du réseau beta, notamment par des missions sur :
Au travers de ces différentes missions, la Brigade a constaté le besoin de rappeler quelques facteurs clés de l’approche beta.gouv pour les personnes travaillant pour ou avec des start-ups d’État.
1) La présence d’un·e intrapreneur·e est essentielle pour impliquer l’administration porteuse et obtenir suffisamment d’expertise métier sur le sujet. La brigade expérimente un modèle d’accompagnement parfois alternatif (comme ce fut le cas avec la DIHAL) et l’absence d’expert métier conduit à des difficultés opérationnelles qui ralentissent la mission.
2) Les standards de qualité logicielle doivent être respectés dès le début de la création d’une Startup d’État. En effet, le code doit être ouvert, instrumenté par des tests automatisés et déployé fréquemment. Il doit respecter les standards du langage et du framework, ainsi que les normes de sécurité. Cette hygiène de travail est une condition essentielle à l’évolution d’une Startup d’État.
3) Le métier de chargé de déploiement est encore trop méconnu, alors qu’il est nécessaire dans la construction d’un produit piloté par l’impact. Assurer une compatibilité entre le produit et ses usagers, trouver ses premier·e·s utilisateur·ice·s et maintenir le contact au terrain sont des activités à plein temps qui nécessitent une ressource dédiée.
4) Certaines décisions devraient être étayées par la collecte et l’analyse des données d’usage du produit car cette alternative permet de mieux comprendre le comportement utilisateur et de mettre en avant des statistiques utiles pour confirmer les hypothèses de l’investigation.