Quand je suis arrivée chez beta.gouv.fr, je ne savais pas du tout ce qu’était une rétrospective.
Je n’en avais jamais fait dans le privé et j’imaginais encore moins que ça pouvait exister dans le secteur public. J’y ai appris à travers l’un de mes mentors, Pierre Pezziardi, la force de prendre un moment pour parler des choses “difficiles”. Et j’ai appris ça dans le public, oui, j’insiste.
On a tendance à beaucoup parler de l’amélioration continue des produits. Et bien, la rétrospective émotions c’est aussi de l’amélioration continue… mais des équipes !
Avec mon bagage de psychologie du travail et de psychosociologie, je trouvais intéressant de voir la puissance de cette rétro et à quel point, avec un spectre de 4 émotions (joie, peur, colère, tristesse) on pouvait plus facilement mettre sur la table des situations conflictuelles dans une équipe :
Après tout, nous sommes tous des humains non ? Et ces 4 émotions font partie des émotions primaires, aussi appelées émotions de base, fondamentales ou universelles.
Ce sont les premières que nous vivons en arrivant au monde et elles apparaissent en réaction à un évènement déclencheur comme cité dans cet article :
La joie est liée à la satisfaction d’un désir, la réussite d’un projet important à nos yeux. C’est un état de satisfaction et de bien-être qui se manifeste par de la gaîté et de la bonne humeur. Elle accroît notre énergie, la motivation et la confiance en soi.
La colère est une réaction de protection. Elle résulte d’une frustration, d’un sentiment d’injustice, de la rencontre d’un obstacle, voire de l’atteinte à son intégrité physique ou psychologique.
La peur est une émotion d’anticipation. Elle est utile lorsqu’elle nous informe d’un danger, d’une menace potentielle ou réelle car elle nous prépare à fuir, ou à agir. Elle peut être également liée à une appréhension, elle peut alors s’avérer stimulante ou bloquante.
La tristesse est liée à une perte, une déception, un sentiment d’impuissance, un souhait insatisfait. Elle se caractérise par une baisse d’énergie, de la motivation.
La rétro émotions aide à mettre des mots sur des ressentis subjectifs et force la personne a dire : ‘j’ai ressenti X quand Z s’est passé’.
Cette discussion permet ainsi à l’équipe de gagner en confiance réciproque et en authenticité pour favoriser la collaboration future.
Enfin, elle permet un vrai focus de célébration et de joie en fin de rétro, ce qui est moins le cas des autres formats.
Les 2 autres rétros que je connais permettent :
Elles sont difficiles à actionner sur les ressentis personnels et sur les blocages émotionnels qui peuvent être le résultat ou la cause de périodes tendues ou de situations conflictuelles dans l’équipe. On est purement sur ses tâches professionnelles, les membres de l’équipe ont plus de mal à parler d’humain à humain de manière authentique.
En revanche, elles peuvent être intéressantes si :
J’ai partagé ma façon de faire avec Léry qui a souhaité tester ce format de rétro et le documenter ci-dessous de manière détaillée pour vous le transmettre.
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Cette rétrospective suit quatre étapes :
Le temps indiqué est indicatif pour un groupe de quatre participants.
Le ou la facilitatrice explique le déroulé de l’atelier aux participants. Il ou elle vérifie que ce déroulé est clair pour tous les participants et qu’il n’y a pas de questions.
Par exemple, le ou la facilitatrice pourra dire :
Vous réfléchirez et vous vous exprimerez plus particulièrement sur ces 4 émotions :
Pour chaque émotion, vous allez :
Chaque participant va réfléchir et partager les expériences ou situations durant lesquelles il ou elle a ressenti ces émotions :
(Une expérience = une émotion.)
Le ou la facilitatrice doit veiller à permettre à chaque participant de s’exprimer librement sans jugement de valeur de la part des autres participants.
Si le participant a des difficultés pour exprimer ces situations ou expériences passées, le ou la facilitatrice peut lui poser des questions simples pour l’aider :
Si l’un ou l’une des participantes ne trouvent pas de situations associées à l’une des émotions, il ou elle n’est pas obligée d’en donner. Si l’un ou l’une des participantes souhaitent parler de plusieurs situations associées à cette émotion, il peut le faire (on essaye de ne pas dépasser 3 situations).
Durant cette partie, le ou la facilitatrice va commencer un travail de synthèse et d’analyse des retours d’expérience de tous les participants.
Il ou elle commence par remercier les participants d’avoir joué le jeu.
Puis il ou elle va partager sa synthèse (ou convergence quand c’est possible) des retours partagés concernant les moments de colères, de peur et de tristesse.
Il ou elle va essayer de produire oralement une analyse synthétique de ces émotions partagées. Il ou elle partagera ce qui lui semble ressortir de ces partages.
Puis, il ou elle demande à chacun de se féliciter des bons de joies qui ont été vécus par chacun.
Le ou la facilitatrice va demander aux participants : “Qu’est-ce que vous pensez pouvoir mettre en place pour essayer d’améliorer cette situation ?”
Pour aider les participants, il leur est proposé de formuler leur phrase ainsi :
Une fois les propositions notées par le ou la facilitatrice, les participants peuvent voter pour l’action qu’ils jugent prioritaire à mettre en œuvre.
Et on peut célébrer ici la productivité de cette rétrospective et proposer le prochain temps pour en faire une autre (2 semaines à 1 mois selon les équipes). Le format de la prochaine rétrospective dépendra des attentes de l’équipe en fonction des semaines à venir.
L’atelier se termine là.
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